Le « coup d’Etat » manqué du 15 juillet dernier en Turquie ressemble de plus en plus à un coup monté par Recep Tayyip Erdogan.
On ne saura sans doute jamais si tout a été monté de toute pièces par l’aspirant Fuhrer turc, ou s’il a laissé quelques soldats monter ce qui s’est passé pour mieux empocher la mise ensuite, mais il est très invraisemblable qu’il se soit agi d’une effective tentative de coup d’Etat.
Les points stratégiques du pays n’ont pas été pris en main par les auteurs du coup d’Etat. Même un militaire gradé en début de carrière ne peut ignorer de quels point stratégiques il faut s’emparer pour réussir un coup d’Etat. Les généraux turcs ne sont pas tous des génies, mais à ce degré, il faudrait les considérer comme des idiots absolus pour que la version officielle soit crédible. Erdogan n’a pas été arrêté ou inquiété, alors que s’emparer de lui aurait dû être le premier objectif.
Au bout de quelques heures à peine, le balancier a commencé à glisser très nettement en faveur d’Erdogan, et les arrestations ont commencé. Des listes de personnes à arrêter étaient à l’évidence prêtes à être utilisées. Quatre vingt dix neuf généraux ont été arrêtés aussitôt : un idiot absolu, c’est possible, mais quatre vingt dix neuf ?
Si le complot avait été de grande ampleur et avait effectivement impliqué quatre vingt dix neuf généraux, il est radicalement improbable que dans un pays devenu un Etat policier, avec une armée profondément pénétrée désormais par les islamistes, le gouvernement et Erdogan lui-même n’aient rien vu et rien entendu.
Erdogan, en tout cas, suit un modèle familier et inquiétant : celui du Troisième Reich.
Erdogan a graduellement infiltré et purgé l’armée, dont Mustafa Kemal avait fait un rempart de la république, de la laïcité et de l’ouverture à l’Occident. Il a agi d’une même façon dans le secteur de la justice et de l’information : les sièges de journaux d’opposition ont été saccagés et détruits, des journalistes tués ou mis en prison.
Il s’est emparé du secteur scolaire et a accru considérablement le budget des écoles islamiques (écoles iman hatip), aux fins d’en faire les lieux de formation des cadres islamiques du pays.
Des cours de justice spéciales ont été instituées pour éliminer tout opposant à même d’élever la voix : elles ont été conçues sur le modèle des cours spéciales du temps d’Hitler.
L’économie turque devient peu à peu une économie forcée sur le modèle de l’économie forcée allemande au temps d’Hitler. Des entreprises sont détruites par des enquêtes arbitraires, des confiscations, des arrestations sous de faux prétextes. Les entreprises qui coopèrent étroitement avec le régime sont épargnées.
La vague d’arrestations en cours va toucher des milliers de gens et permettre de les remplacer par des fidèles du régime, qui va se rapprocher du totalitarisme.
Un ancien allié d’Erdogan est dans son viseur depuis plusieurs mois, Fethulah Gulen.
Après avoir largement détruit les réseaux de celui-ci, Erdogan l’accuse maintenant d’avoir fomenté le « coup d’Etat » et, puisque Fethulah Gulen est aux Etats Unis, demande son extradition à Obama. L’administration Obama étant ce qu’elle est, il n’est pas impossible qu’Obama, qui a de l’amitié pour Erdogan, accède à la demande d’extradition. Fethullah Gulen est musulman et a prôné la réislamisation de la Turquie, mais il n’est, à la différence d’Erdogan, pas un islamiste radical : il a, entre autres, désapprouvé la « flottille pour Gaza » approuvée par Erdogan, et s’est prononcé contre tout rapprochement entre la Turquie et le Hamas.
Ce qui prend forme après un « coup d’Etat » manqué est un véritable coup d’Etat de la part d’Erdogan.
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