Secte ou pas secte? Plongée chez les salafistes de France
Source: Le chercheur Samir Amghar vient de publier Le salafisme d’aujourd’hui. Mouvements sectaires en Occident (Editions Michalon). Dans cet ouvrage, il présente une typologie des différents mouvements du salafisme, courant religieux défendant une lecture littéraliste et ultra-orthodoxe de l’islam. Parfois assimilé à un mouvement sectaire, le salafisme connait une croissance dans les pays européens depuis ces vingt dernières années. Samir Amghar revient ici sur la présence salafiste en France.
On estime à 12 000 le nombre de personnes qui ont choisi ce type de pratique religieuse en France. Elles sont pour la plupart d’origine algérienne, mais, désormais, entre un tiers et un quart d’entre elles sont des converties. Pour une personne désirant se convertir à l’islam le salafisme constitue en effet la variante qui introduit la plus grande coupure avec le passé, d’autant que ce type de conversion est socialement valorisé dans les quartiers populaires.
Beaucoup de ceux qui choisissent le salafisme connaissent des situations de déclassement, un sentiment de relégation ou une rupture sociale ou familiale. On constate aussi que le salafisme prend peu dans les communautés turque ou comorienne qui ont conservé des modes de fonctionnement familiaux traditionnels. Mais qu’il se développe dans les milieux maliens ou guinéens. En outre une des forces du salafisme est qu’il peut s’installer dans un contexte qui ne lui est pas favorable, petite ville, village, car il fonctionne en réseau et autour d’un leader charismatique.
Quelle est l’incidence du développement du salafisme sur les autres formes d’islam traditionnellement implantées en France ?
L’islam modéré est totalement dépassé par les salafistes. Ses représentants sont en déphasage avec les attentes de ceux qui souhaitent se réislamiser et qui demandent des règles normatives très claires, règles qu’ils trouvent dans le salafisme. Dans ce contexte, les Frères musulmans et le mouvement Tabligh [courant également ultra-orthodoxe], notamment, font figure de mouvements vieillissants.
Souvent aujourd’hui, le musulman de base juge sa pratique à l’aune de la pratique salafie et attend du prédicateur qu’il réponde aux questions basiques sur ce qui est halal (licite) ou haram (illicite). Peu de penseurs sont capables d’esprit critique ou de décentrement par rapport au texte; et, quand ils existent, ils sont marginalisés.
Quelles sont les évolutions du salafisme en France. Peut-on parler d’une secte ?
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