Syrie: le groupe État islamique prend position dans le centre de Kobané
L'ONU commence à réduire son aide alimentaire dans le pays de 40% en raison de problèmes budgétaires
Aris Messinis (AFP)"Des soldats turcs surveillent depuis la frontière la ville syrienne de Kobané, attaquée par les jihadistes du groupe Etat islamique, le 13 octobre 2014"Aris Messinis (AFP)
Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont pris position pour la première fois dans le centre de Kobané (Aïn el-Arab) lundi, à la veille d'une réunion à Washington des chefs militaires d'une vingtaine de pays de la coalition anti-EI.
De violents combats entre les combattants de l'EI et les forces kurdes ont par ailleurs eu lieu lundi dans les faubourgs nord de Kobané, à moins d'un kilomètre de la frontière entre la Syrie et la Turquie. Washington, leader de la coalition anti-EI, fait pression sur Ankara pour que la Turquie ouvre aux avions américains des bases aériennes d'où ils pourraient mener des raids en Syrie et en Irak.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les djihadistes ont pu s'emparer lundi du centre culturel de Kobané et s'installer pour la première fois dans le centre de cette localité qu'ils convoitent depuis le lancement le 16 septembre de leur grande offensive contre cette région kurde de la Syrie. "Auparavant, ils venaient de l'est, avançaient puis reculaient mais cette fois ils se sont bien installés (au centre). Ils contrôlent désormais la moitié de la localité", a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.
Dans la troisième ville kurde de Syrie, la journée a par ailleurs été marquée par trois explosions à la voiture piégée déclenchées par des kamikazes de l'EI, selon l'OSDH, qui n'était pas en mesure de fournir un bilan des victimes.
Deux de ces explosions ont eu lieu au nord de Kobané dans une zone où un journaliste de l'AFP présent à la frontière turque a pu constater que les djihadistes avaient lancé une offensive.
Ce secteur du poste-frontière de Mursitpinar est emprunté quotidiennement par des civils fuyant les combats et par des combattants kurdes évacués pour être soignés dans les hôpitaux de Suruç en Turquie.
C'est devenu "un objectif stratégique" pour les djihadistes, a indiqué à l'AFP Feyza Abdi, élue au conseil municipal de Kobané et réfugiée en Turquie, qui indique que l'EI assiège "déjà la ville de trois côtés différents".
"S'ils réussissent à prendre le contrôle de cette zone, ils fermeront tous les accès et pourront commencer leur massacre" à Kobané.
Si l'EI a pu installer une position au centre de la ville, une semaine après être entré à Kobané et trois jours après avoir délogé les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) de leur QG, ces derniers ont mené une contre-offensive dans le sud de Kobané et repris deux positions des djihadistes, selon l'OSDH.
L'ONU réduit son aide en Syrie
Par ailleurs, les Nations unies ont annoncé lundi avoir commencé à réduire leur aide alimentaire en Syrie de 40% en raison de problèmes budgétaires, a indiqué à l'AFP la directrice adjointe du programme alimentaire mondial (PAM).
"Nous avons déjà commencé (à réduire l'aide alimentaire) ce mois-ci", a déclaré Elisabeth Rasmusson. L'ONU distribue de l'aide alimentaire à 4,2 millions de personnes en Syrie, déchirée depuis trois ans par une guerre civile qui a fait près de 200.000 morts.
Jared Kohler (UNHCR/AFP/File)"A photo released by the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) shows Syrian refugees streaming across the border into Jordan on January 22, 2014"Jared Kohler (UNHCR/AFP/File)
Selon Mme Rasmusson, le PAM continuera à distribuer de l'aide alimentaire au même nombre de personnes mais sa quantité sera réduite de 40%, à cause de financements insuffisants. Elle a précisé que les quelque deux millions de Syriens réfugiés en dehors de leur pays seraient eux aussi affectés par la baisse de l'aide alimentaire à partir du mois de novembre.
La quantité de l'aide alimentaire pour les réfugiés syriens au Liban diminuera ainsi de 20 à 30%. Et en Turquie, le PAM ne distribuera plus d'aide alimentaire du tout dans les camps de réfugiés syriens.
Le PAM a besoin de 352 millions de dollars (280 millions d'euros) d'ici la fin de l'année, selon Mme Rasmusson, qui se trouve au Koweït pour assister à une réunion des principaux donateurs à la Syrie.
Ankara nie avoir passé un accord avec Washington
Des déclarations contradictoires de Washington et Ankara sur un accord concernant l'utilisation de bases aériennes turques par les avions américains pour effectuer des raids contre l'EI ont semé une certaine confusion.
Aris Messinis (AFP)"Kurdish people watch the fighting in the Syrian town of Ain al-Arab, known as Kobane by the Kurds, from the top a hill near the Turkish-Syrian border in the village of Mursitpinar, on October 12, 2014"Aris Messinis (AFP)
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Alors qu'un responsable américain indiquait dimanche que les Etats-Unis pourraient utiliser la grande base d'Incirlik (sud), où 1.500 Américains sont stationnés, une source gouvernementale à Ankara a affirmé lundi qu'un tel accord n'avait pas été signé.
Cette confusion illustre les relations difficiles entre la Turquie et les Etats-Unis, deux pays de l'Otan, sur le dossier syrien.
Ankara refuse pour l'instant de se joindre à la coalition militaire internationale au motif que les frappes aériennes dirigées contre les djihadistes pourraient renforcer par ricochet le camp du président syrien Bachar el-Assad, la bête noire de ses dirigeants islamo-conservateurs.
En Irak, les Etats-Unis sont préoccupés par la situation dans la province occidentale d'Al Anbar, à majorité sunnite, qui risque de passer sous contrôle total de l'EI après une série de revers des forces irakiennes
A Bagdad, au moins 22 morts ont trouvé la mort dans trois attentats à la bombe qui ont eu lieu en moins d'une heure lundi dans des quartiers chiites.
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(Avec AFP)
http://www.i24news.tv/fr/actu/internati ... -de-kobane